Successivement appelé Bilad al-Suddan, Haut-Fleuve, Haut-Sénégal-Niger puis Soudan Français, le Mali actuel fut jadis le berceau de grands empires et royaumes tels que le royaume du Sosso, l’empire du Ghana, l’empire Mali et l’empire Songhaï.
Déjà au 11ème siècle, l’empereur « N’Tounka » (l’archer) disposait d’une armée bien organisée comprenant une cavalerie armée de sabres, une seconde armée de lances et un corps d’élite à pieds armé d’arcs et de flèches.
Dans l’empire du Mali, tous les jeunes garçons étaient initiés à la chasse et à la connaissance de la nature. Ces jeunes intégraient le corps des chasseurs donzo sous le commandement d’un chef appelé « Simbo ». Ils constituaient ainsi de véritables corps organisés mis à la disposition des rois et souverains.
Sous Sony Ali Ber l’armée Songhay a disposé d’une des armées les mieux organisées. Elle était composée de fantassins et de cavaliers mais aussi d’une grande flottille composée de 400 pirogues sous le commandement d’un amiral appelé Hi-Koy[1].
Dans les régions septentrionales, la défense et le ravitaillement des tribus étaient l’œuvre des rezzous. Jusqu’en 1920, ils ont opposé une vive résistance à la présence coloniale française.
De ce riche passé historique, le Soudan a bénéficié d’une forte tradition en termes d’organisation sociale, économique et militaire. Sa conquête nécessitera plusieurs campagnes parsemées de batailles sanglantes aussi rudes et sanglantes les unes que les autres. A ce propos, Eugène GUERNIER dira : « ce qui les caractérise et les distingue de celles qui ont été menées au Sénégal c’est, outre la valeur combattive très réelle de l’adversaire, l’existence de villages fortifiés entourés de murs et de palissades, où la résistance s’organise et qu’il faut enlever d’assauts, maison par maison, au prix de lourdes pertes malgré la préparation d’artillerie »[2].Abordant dans le même sens, Felix Eboué dira en 1935 que : « le Soudanais est soldat dans l’âme ! ».
Le Soudan accéda à l’indépendance le 20 juin 1960. Avec la république du Sénégal il forma la fédération du Mali.
[1] Hi-koy ; maître de l’eau. Le Hikoy était toujours choisi parmi les sorko pêcheurs.
[2] Eugène GUERNIER, Afrique Occidentale Française, Tome premier, 1949, Paris, Encyclopédie coloniale et Maritime, p.58