A la date du 10 janvier 1961, la jeune armée qui venait de voir le jour, comptait un effectif de 1 232 éléments au nombre desquels figuraient 02 chefs de bataillon, 3 capitaines, 03 lieutenants et 14 sous-lieutenants. Sur le plan politique, les choses allaient d’avantage se clarifier. Le 20 janvier 1961, le Président Modibo KEÏTA invita la France à libérer les bases militaires de Bamako, Kati, Gao et Tessalit.

Le président Modibo KEÏTA a reçu le corps diplomatique le 20 janvier 1961 en présence de MM :

  • Idrissa DIARRA, secrétaire politique de l’Union Soudanaise R.D.A ;
  • Mahamane Alassane HAÏDARA, présidant de l’Assemblée Nationale ;
  • Yacouba MAÏGA, vice-président de l’Assemblée Nationale ;
  • Madeira KEÏTA, ministre de l’Intérieur, de la Défense et de la Sécurité ;
  • Mamadou GOLOGO, commissaire à l’Information

Devant cette assemblée, il tint le discours suivant :

« Excellences,

Je vous remercie de vous être distraites de vos augustes occupations et de vos nombreuses préoccupations pour répondre à mon invitation. L’importance de la communication exige que je vous la fasse moi-même.

A l’heure qu’il est, l’Ambassade de France en République du Mali est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, de Kati, de Gao  et de Tessalit, qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens signés à Paris le 22 juin 1960, entre elle et la Fédération du Mali et qui deviennent caducs après les événements du Sénégal, actes qui consacrent la dislocation de la Fédération du Mali.

La République du Mali a affirmé sa volonté de coopérer avec la France sur la base de la non-ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon parti et de mon gouvernement ne met nullement en cause cette volonté. Elle est l’expression de notre conviction qu’à moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’Etats jeunes ou d’accords particuliers dans le domaine de la défense, les troupes de l’ex-puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex-colonie aux côté des troupes du jeune Etat.

D’autre part, le peuple du Mali, l’Union Soudanaise RDA, et le Gouvernement de mon pays ont toujours affirmé leur option en faveur de la politique de non-alignement sur l’un ou l’autre de deux blocs. Cette attitude est en contradiction avec la présence, sur mon territoire, des troupes d’une puissance étrangère et à laquelle ne le lie aucun accord et qui d’autre part est engagée dans le pacte militaire d’un bloc.

Je prie votre excellence d’informer vos gouvernements respectifs et d’attirer leur attention sur notre ferme décision de l’évacuation rapide des troupes stationnées en République du Mali ».

La base 162 de Bamako est celle qui a vu partir les troupes françaises du Mali le 5 septembre 1961. Ce jour et pour la dernière fois le drapeau français fut mis bas dans une caserne. La cérémonie a eu lieu en présence des autorités militaires françaises et maliennes et aussi des autorités politiques.

Dans sa parution du samedi, 21 janvier 1961, le quotidien national l’Essor titrait sur sa première page ce qui suit :