Depuis le Moyen-âge, la monnaie fut considérée comme un instrument de souveraineté et de prestige tant du point de vue politique qu’économique. Perçue comme symbole de puissance et d’autonomie, chaque nation souveraine se devrait alors de disposer de sa propre monnaie.
Le 20 janvier 1961, quatre mois après la proclamation solennelle de son indépendance, la République du Mali affirmait sa volonté de coopérer avec la France sur la base de la non-ingérence dans ses affaires intérieures et du respect de sa souveraineté.
Ce principe de non-ingérence suppose, au-delà de l’indépendance politique, une autonomie financière. Or, plus de cinquante ans après leur accession à l’indépendance, la quasi-totalité des ex-colonies françaises se trouve encore dans une situation de forte dépendance monétaire vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale à travers le maintien du franc CFA.
Très tôt, le Mali va se démarquer du lot en adoptant une ligne politique marquée par une expression plus explicite à travers des actes forts allant dans le sens de la concrétisation de cette souveraineté. Au nombre de ces actes, nous retiendrons volontiers :
– l’évacuation des bases militaires occupées par l’armée française ;
– l’organisation territoriale du pays à travers la création de régions administratives et économiques ;
– la création des sociétés et entreprises d’Etat.
Dans son discours tenu le 30 juin 1962 le président Modibo Keïta, disait que : « … le pouvoir politique s’accompagne toujours et nécessairement du droit régalien de battre monnaie, que le pouvoir monétaire est inséparable de la souveraineté nationale, qu’il en est le complément indispensable, l’attribut essentiel ».
C’est pourquoi, l’un des actes les plus marquants dans cette quête de souveraineté sera la création, le 1 er juillet 1962 d’une monnaie nationale : le franc malien. La création de cette monnaie venait en réponse à un souci majeur du chef du jeune Etat du Mali :comment promouvoir le développement économique harmonieux de la nation dès lors qu’on ne dispose pas de monnaie ?
Cet acte avait un objectif double : économique et politique.
Au plan économique, il permettait au Mali socialiste de disposer d’une autonomie monétaire indispensable à l’atteinte de son objectif économique sachant que l’appartenance au franc CFA le prive de ces pouvoirs monétaires et favorise le commerce de traite et d’importations de biens de consommation grâce aux larges facilités des crédits commerciaux qu’elle continue d’accorder aux sociétés commerciales traditionnelles, au détriment des crédits destinés à l’équipement et à l’investissement.
Au plan politique, il assurait au Mali « à la fois une garantie de liberté et, mieux encore, un instrument de puissance. Garantie de liberté, parce qu’elle nous permet, non pas de faire ce que l’on veut, mais bien plutôt d’agir dans le sens de l’intérêt national. Instrument de puissance, dans la mesure où elle nous donne la possibilité de contraindre les féodalités économiques et les groupes de pression qui veulent ignorer l’intérêt national pour ne défendre que les privilèges exorbitants hérités du régime colonial moribond ».
Dans sa grande majorité, la population malienne qui vivait encore dans la ferveur des indépendances, accueillit avec allégresse la nouvelle de la réforme monétaire. Partout de l’intérieur du pays, vinrent des messages de félicitation et de soutien des sections, adressés au bureau politique de l’US-RDA. Un poème, rédigé par M. Sidi Yaya DIALLO du chemin de fer fut dédié à la nouvelle monnaie.
L’UNTM, n’est pas encore restée en marge. Elle a salué l’évènement qui selon elle contribuera à améliorer le pouvoir d’achat de la masse laborieuse.
La DNAM