HISTORIQUE

Prestigieuse école d’enseignement du second degré, le Prytanée militaire de Kati (PMK) est situé à côté du Centre de Regroupement pour l’Instruction Physique (CRIP) du Camp de Kati. Il a succédé à l’École des enfants de Troupe de la ville dont les balbutiements remontent jusqu’en octobre 1922. 

Les enfants des militaires indigènes, arrivés à l’âge de 6 ans suivaient les cours des écoles militaires existant dans les centres où sont stationnées les unités. Ils étaient conduits à l’école et confiés à un gradé indigène. Leurs notes étaient examinées par le chef de corps ou du détachement. A l’âge de 13 ans, ils sont envoyés dans une des Ecoles d’Enfants de Troupe sur consentement de leurs parents.

En Afrique Occidentale Française, il existait deux Ecoles d’Enfants de Troupe : celle de Saint-Louis au Sénégal, et celle de Kati au Soudan Français toutes deux placées sous les ordres directs de l’officier Directeur des cours d’instructions complémentaires des gradés indigènes.

L’Ecole de Saint-Louis recevait les enfants des militaires des corps de troupes stationnées sur les territoires du Sénégal, du Dahomey, du Niger et de la Mauritanie. Celle de Kati recevait les enfants provenant des troupes stationnées au Soudan, en Guinée Conakry et en Côte d’Ivoire constituant les BTS 5 et 6[1].

ADMISSION 

Tout postulant fournissait un dossier constitué de :

  • un extrait d’acte de naissance ou de jugement supplétif ;
  • un certificat médical établi par un médecin militaire ;
  • une demande manuscrite de l’élève ;
  • un certificat de scolarité ;
  • un cahier de devoir de l’élève comportant la signature de l’instituteur[2].

L’admission à l’école était prononcée par les généraux de brigade sur proposition des chefs de corps. Pour ce qui concerne les fils de chefs et de notable, elle était prononcée par le Commandant Militaire après avis du Gouverneur de colonie.

Toute admission était subordonnée à une déclaration signée du parent spécifiant :

  • Qu’il consente à l’engagement ultérieur de leur enfant dans l’armée quand celui-ci aura 19 ans ;
  • Qu’il autorise le prélèvement, sur leur fonds personnel, de la moitié des frais d’entretien de l’enfant au cas où celui-ci refuse de s’engager pour 5 ans.

Jusqu’en 1939, le nombre maximum d’élèves à admis était fixé à soixante (70) pour l’Ecole de Saint Louis et cinquante (50) pour celle de Kati. Etaient admis:

  • les enfants des tirailleurs ou gradés indigènes en activité ou à la retraite ;
  • les enfants d’anciens militaires exerçant des emplois réservés leur permettant de rembourser les frais d’entretien en cas d’abandon par l’enfant ;
  • exceptionnellement, les fils des chefs ou des notables âgés de 13 ans au moins et de 15 ans au plus et ayant déjà suivi avec succès les cours d’une école primaire règlementaire.

INSTRUCTION 

En plus des cours d’enseignement primaire supérieur, les élèves reçoivent une éducation physique et militaire tenant compte de leur âge.

TENUES ET DISCIPLINE 

Les élèves des Ecoles des enfants de troupe portaient la même tenue que les tirailleurs avec l’écusson ‟TS” au col. Ils devaient des marques de respect extérieures à tous les gradés et fonctionnaires revêtus de leur insigne.

En cas de d’indiscipline, les punitions étaient ordonnées par :

  • le capitaine : 4 à 8 jours de peloton ou 4 jours de prison ;
  • le colonel commandant le corps de rattachement : 8 jours pour la prison et 4 jours pour la cellule (les élèves punis de cellule n’assistent pas au cours. Ils étaient enfermés dans une cellule avec autorisation de sortir pendant 1 heure le matin et 1 heure le soir);
  • le général commandant la brigade : retrait des galons d’enfants de troupe de 1ère classe ; expulsion de l’école.

Fermée en 1961, l’Ecole des enfants de Troupe, entre-temps devenue Ecole MilitairePréparatoire Africaine (EMPA) verra naitre sur ses cendres le Prytanée militaire de Kati, créépar arrêté interministériel n°16/MDN/MC/MEN du 03 janvier 1981 sous l’égide du Général Moussa Traoré, lui-même ancien pensionnaire de l’Ecole des Enfants de troupe[3].

Le  Prytanée militaire de Kati a pour mission de dispenser aux élèves de nationalité malienne, recrutés par voie de concours, un enseignement fondamental et secondaire général, une instruction militaire, une formation physique et morale,les prédisposant à la carrière militaire.

Contrairement à l’Ecole des Enfants de Troupe qui faisait obligation de servir dans l’armée pendant au moins cinq (05) ans, le Prytanée militaire a pour vocationde donner aux jeunes gens un enseignement fondamental et secondaire général et une instruction militaire leur permettant de servir valablement leur pays aussi bien dans la vie civile que militaire.

C’est ainsi que le 16 octobre 1981, trente (30) jeunesretenus après une rigoureuse sélection, débutèrent leur formation dans les anciens locaux rénovés de l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA), transférée à Koulikoro.

De ces trentaines de jeunes, ont émergé de valeureux officiers qui, aujourd’hui, font la fierté du Mali. 

Ainsi,Le Prytanée Militaire  après une décennie de fonctionnement a connu une première réorganisation en novembre 1995 suivant l’Arrêté interministériel n ° 95/ 2547/MFAAC- MEB du 27 novembre 1995. L’actuel réorganisation du  Prytanée Militairede Kati est intervenue aussi en novembre 2000, suivant l’Arrêté interministériel n ° 00- / 3195/MFAAC- ME du 17 novembre 2000 portant création, organisation et fonctionnement d’un Prytanée Militaire.

Par M. Timothée SAYE et M. Souleymane KONE, Conservateurs d’archives à la Direction Nationale des Archives du Mali (DNAM)

[1] Bataillon de TirailleursSénégalais

[2] Voir Annexe 1, p 5

[3] Voir annexe 2 photos réouverture du Prytanée Militaire de Kati, P 5-6